Article
9 mins
Le licenciement pour faute grave
Légal et conformité
RH globale

Auteur
L'équipe Deel
Dernière mise à jour
19 mars, 2025
Publié
19 mars, 2025

Sommaire
Qu’est-ce qu’une faute grave ?
Faute simple, faute grave et faute lourde : quelles différences ?
Quelles sont les étapes clés de la procédure de licenciement pour faute grave
Quels sont les droits et indemnités en cas de licenciement pour faute grave ?
Comment minimiser les risques juridiques face aux recours devant le conseil de prud’hommes ?
Comment prévenir le risque de licenciement abusif au sein de votre société ?
Quelques conseils pour les salariés pour faire face à un licenciement pour faute grave
Points clés à retenir :
- La faute grave justifie une rupture immédiate sans préavis ni indemnité de licenciement, mais le salarié conserve ses droits aux congés payés et aux allocations chômage.
- Suivre rigoureusement les étapes du licenciement, de la constatation des faits à la remise des documents de sortie, est crucial pour éviter les litiges.
- Bien documenter les faits, analyser les justificatifs et respecter les droits du salarié sont essentiels pour protéger l’entreprise et limiter les contentieux.
Le licenciement pour faute grave est une mesure exceptionnelle permettant à l'employeur de rompre de manière immédiate et définitive le contrat de travail d’un salarié. Cette décision, encadrée par le Code du travail, doit toutefois respecter une procédure stricte. Dans cet article de Deel, nous faisons le point sur les cas de faute grave, les motifs de licenciement, les droits et obligations de l'employeur ainsi que la gestion des contestations et la prévention des conflits.
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Qu’est-ce qu’une faute grave ?
La faute grave désigne un comportement du salarié contraire à ses obligations contractuelles, rendant impossible son maintien dans l’entreprise, même pour une durée limitée. Elle entraîne la rupture immédiate du contrat de travail sans délai de préavis.
Ce type de faute se caractérise par la gravité de la faute, qui compromet l’ordre ou la sécurité dans l’entreprise. Une fois établie, elle justifie une mise en œuvre rapide des procédures disciplinaires pour protéger les intérêts de l’organisation.
Faute simple, faute grave et faute lourde : quelles différences ?
Dans le cadre d'un licenciement pour motif personnel, il est essentiel pour l’employeur de bien différencier la faute simple, la faute grave et la faute lourde. Ces trois notions, bien que proches, entraînent des conséquences variées pour le salarié et des obligations spécifiques pour l’employeur.
La faute simple
La faute simple désigne un manquement du salarié à ses obligations professionnelles, mais dont la gravité ne justifie pas une rupture immédiate du contrat de travail. Ce type de faute permet un licenciement avec respect des droits classiques du salarié.
Répercussions pour le salarié en cas de faute simple
- Le salarié licencié pour faute simple bénéficie de son préavis, qu’il soit exécuté ou indemnisé.
- Il a droit à l'indemnité de licenciement, sous réserve de remplir les conditions d'ancienneté imposées par le Code du travail et les conventions collectives.
- Si le licenciement est contesté, les conseils de prud’hommes analysent généralement la proportionnalité de la sanction.
Exemples de faute simple
- La réalisation inhabituelle d’erreurs professionnelles sans intention malveillante ;
- Des absences injustifiées ponctuelles mais sans impact majeur sur l’entreprise ;
- Un niveau insuffisant de performances ou d’objectifs atteints, souvent qualifié d’insuffisance professionnelle.
La faute grave
La faute grave, quant à elle, correspond à un manquement suffisamment sérieux pour rendre impossible le maintien du salarié dans l’entreprise, même en respectant la durée du préavis. Elle mène à une rupture immédiate du contrat de travail, et ses conséquences sont plus sévères.
Conséquences pour le salarié en cas de faute grave
- Privation du préavis, qui n'est ni effectué ni indemnisé.
- Perte de l'indemnité de licenciement prévue par le Code du travail, sauf si des dispositions spécifiques de la convention collective s’y opposent.
- Maintien du droit à l’indemnité compensatrice de congés payés.
- Possibilité de solliciter des allocations chômage auprès de France Travail, ex-Pôle emploi, car le licenciement pour faute grave reste involontaire.
Exemples de faute grave
- Un abandon de poste ayant de lourdes conséquences sur le fonctionnement de l’entreprise ;
- Une insubordination, comme le refus catégorique de réaliser une tâche prévue dans le contrat de travail ;
- Un manquement grave aux consignes de sécurité ;
- Des comportements inacceptables : état d’ivresse au travail, violences, harcèlement sexuel ou harcèlement moral.
La faute lourde
La faute lourde constitue le degré le plus élevé de manquement. Elle se distingue de la faute grave par l'élément central d'intention de nuire envers l’employeur ou l’entreprise. En raison de cette intention, elle entraîne des conséquences encore plus lourdes pour le salarié.
Conséquences pour le salarié en cas de licenciement pour faute lourde
- Rupture immédiate sans préavis, comme pour la faute grave.
- Perte de l'indemnité de licenciement. Depuis une décision du conseil constitutionnel, l’indemnité compensatrice de congés payés est due au salarié, même dans le cas d’une faute lourde.
- Le salarié peut également être tenu responsable de dommages et intérêts si ses actes ont causé un préjudice grave à l’entreprise.
Exemples de faute lourde
- Sabotage intentionnel de matériel ou installation critique (avec preuve tangible d'intention de nuire) ;
- Détournement de clientèle au profit d’un concurrent ;
- Comportements illégaux sur le lieu de travail (fraude, divulgation d’informations confidentielles).
Quelles sont les étapes clés de la procédure de licenciement pour faute grave
Pour justifier un licenciement d'un salarié pour faute grave, la procédure légale doit être rigoureusement respectée, sans quoi l'entreprise s'expose à la requalification du licenciement ou à des sanctions pour licenciement abusif.
1. Enclencher une procédure disciplinaire immédiate
L’employeur doit agir rapidement après la constatation des faits fautifs. Tout manquement à cet impératif de réactivité peut affaiblir la validité de la décision.
2. Mise à pied conservatoire
En cas de gravité avérée, une mise à pied conservatoire est recommandée. Cette sanction disciplinaire suspend le salarié sans rémunération en attendant les conclusions de la procédure. Cette mesure sécurise le bon fonctionnement de l’entreprise tout en évitant d’aggraver la situation interne.
3. Envoi d’une lettre de convocation à un entretien préalable
Le salarié doit être convoqué à un entretien via une lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre. La convocation doit mentionner :
- Les motifs du licenciement envisagé (précisant la faute grave supposée) ;
- La date, l’heure et le lieu de l’entretien ;
- Les droits du salarié, notamment la possibilité de se faire assister par un représentant du personnel ou un conseiller extérieur.
L’entretien préalable de licenciement doit avoir lieu au minimum 5 jours ouvrables entiers après réception de la lettre de convocation. Ce délai est important pour éviter à l’employeur tout litige juridique et assure à l’employé le temps d’organiser sa défense.
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4. Tenue de l’entretien préalable
Durant l’entretien, l’employeur expose les faits reprochés et recueille les explications du salarié. Cet échange est crucial pour éviter une situation de licenciement injustifié.
5. Notification du licenciement
Dans un délai minimum de deux jours ouvrables après l’entretien, l’employeur envoie une lettre de licenciement par LRAR ou remise contre récépissé, précisant :
- La cause réelle et sérieuse de la rupture ;
- La justification de l’impossibilité de poursuivre la relation de travail à cause de la gravité de la faute.
6. Gestion des documents de sortie
Le solde de tout compte, le certificat de travail et l’attestation pour Pôle emploi doivent être remis au salarié au moment de la rupture du contrat de travail.
Simplifiez l'offboarding de vos salariés, même en cas de faute grave
La gestion d'un licenciement pour faute grave est une étape délicate qui exige précision, réactivité et conformité. Avec Deel, disposez d'un outil SIRH complet pour structurer et automatiser vos processus RH, de la rédaction des documents de sortie au respect des obligations légales de l'employeur. Préservez la sérénité de votre entreprise tout en vous assurant que chaque procédure d'offboarding est menée dans les règles.
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Quels sont les droits et indemnités en cas de licenciement pour faute grave ?
Le salarié licencié pour faute grave voit certains de ses droits restreints. Il conserve néanmoins d’autres garanties prévues par le Code du travail et les conventions collectives applicables.
Indemnité de licenciement
En cas de faute grave, le salarié n’a pas droit à l’indemnité de licenciement, sauf dispositions contraires dans la convention collective.
Indemnité compensatrice de préavis
La rupture du contrat de travail étant immédiate, aucun préavis n’est effectué ni indemnisé.
Indemnité compensatrice de congés payés
Les congés payés non consommés à la date de la rupture ouvrent droit au versement d’une indemnité compensatrice de congés.
Allocations chômage
Un licenciement pour faute grave, comme pour faute lourde, ne prive pas le salarié des allocations chômage si les autres conditions d’éligibilité sont remplies.
Comment minimiser les risques juridiques face aux recours devant le conseil de prud’hommes ?
En cas de litige suite à un licenciement pour faute grave, l’employeur peut être appelé à répondre devant le conseil de prud’hommes. Ces recours, souvent liés à des griefs sur la légalité ou la justification de la rupture, demandent une préparation rigoureuse pour défendre les intérêts de l’entreprise. Voici comment naviguer efficacement dans ces situations délicates.
Bien documenter les faits fautifs
Il est crucial de réunir des preuves tangibles des infractions reprochées au salarié, adaptées à la gravité des accusations. Ces preuves peuvent inclure :
- Des rapports écrits consignant les faits ;
- Des témoignages d'autres employés ou responsables hiérarchiques ;
- Tout élément factuel démontrant la réalité et la cause réelle du licenciement.
Respect scrupuleux des étapes procédurales
Le non-respect de la procédure de licenciement est l’une des principales causes de litige. Les formalités, notamment l’envoi de la lettre de licenciement précisant les motifs exacts, leur caractère sérieux et leur impact sur l’entreprise, doivent être effectuées avec précision.
- Analyse des justificatifs présentés par le salarié
Si le salarié conteste la version des faits (par exemple, absence motivée par un arrêt maladie ou autre justificatif), examinez ces documents avec attention et objectivité. Documentez vos observations pour justifier toute décision contraire. - Échanger avec des représentants juridiques spécialisés
Consulter un expert en droit du travail ou un avocat spécialisé peut considérablement renforcer votre défense devant le conseil de prud’hommes. Ces experts vous aideront à évaluer la proportionnalité de la sanction et à identifier d’éventuelles lacunes dans votre dossier.
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Conseils pratiques pour éviter le litige
Se préparer à l’avance est la clé pour minimiser les malentendus et prévenir d’éventuels contentieux :
- Anticiper dès le constat des faits fautifs : prendre des mesures immédiates, comme une mise à pied conservatoire, réduit les chances que le salarié conteste un manque de réaction de l’employeur.
- Impliquer les représentants du personnel : leur consultation attestera de la transparence et de l’objectivité de vos démarches selon les dispositions de la convention collective.
- Communiquer clairement : expliquer les motifs de la décision au salarié lors de l’entretien préalable peut désamorcer les tensions.
Issues possibles en cas de litige
Si l’affaire est portée devant le conseil de prud’hommes, plusieurs scénarios peuvent se présenter selon les conclusions des juges :
Requalification du licenciement
Si les motifs du licenciement ne sont pas jugés suffisamment graves ou disproportionnés, la sanction peut être requalifiée en faute simple. Cela entraîne des indemnités compensatrices, comme l'indemnité de préavis et des congés payés, souvent complétées par des dommages et intérêts.
Réintégration du salarié
Bien que rare en cas de faute grave, il est possible qu’un juge propose la réintégration du salarié si son licenciement est déclaré injustifié. Dans ce cas, l'employeur doit choisir entre réintégrer l’employé ou lui verser des indemnités majorées.
Sanctions financières plus lourdes
Si le licenciement est qualifié d’abusif, l’employeur s’expose à des réparations encore plus élevées pour préjudice moral et financier.
Comment prévenir le risque de licenciement abusif au sein de votre société ?
Pour limiter les risques de licenciement abusif ou de litiges :
- Former les managers : sur la gestion des comportements fautifs et les obligations légales.
- Adopter une politique disciplinaire claire : explicitez les conséquences des motifs de licenciement au sein du règlement intérieur.
- Renforcer le dialogue social avec les représentants du personnel.
- Faire appel à un avocat ou juriste spécialisé en cas de doute avant d’initier un procédure de licenciement.
Quelques conseils pour les salariés pour faire face à un licenciement pour faute grave
Bien que l’objectif principal de cet article soit de guider les employeurs, il est utile de fournir quelques clés pour les salariés concernés par un licenciement pour motif personnel :
- Analyser la gravité de la faute reprochée avec un expert en droit du travail
Un avocat ou conseiller spécialisé en droit du travail peut évaluer si les accusations sont bien justifiées et si la gravité invoquée correspond à une faute grave susceptible de rompre le contrat de travail sans préavis.
- Vérifier si d’éventuelles violations de droits du salarié ou irrégularités de procédure existent
Par exemple, l’absence de faute sérieuse ou de garanties pour un entretien préalable pourrait représenter une base pour demander une requalification de la sanction.
- Exiger tous les documents de fin de contrat
Assurez-vous de recevoir votre solde de tout compte, le certificat de travail et l’attestation d’employeur. Ces documents sont non seulement un droit, mais aussi nécessaires pour engager une nouvelle étape professionnelle ou demander des allocations chômage.
- Conserver les preuves de votre activité ou comportement professionnel
Si vous contestez les faits reprochés, rassemblez des éléments comme des courriels, plannings ou témoignages qui démontrent la normalité de votre conduite. Ces documents peuvent appuyer une défense devant les prud’hommes.
- Demander un recours auprès des représentants du personnel ou des syndicats
Les représentants du personnel ou syndicats peuvent vous conseiller et même intervenir pour vérifier si certaines clauses de la convention collective ont été respectées dans votre cas.
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Gérer un licenciement pour faute grave est une mission délicate, mêlant exigences légales et enjeux organisationnels. Pour alléger ce processus complexe et sécuriser vos démarches, Deel offre des solutions RH complètes et intuitives. De la gestion de la conformité à la digitalisation des procédures d’offboarding, Deel vous aide à minimiser les risques tout en optimisant votre efficacité.
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