Qu’est-ce que le salaire en cryptomonnaie ?

La paie en cryptomonnaie consiste à utiliser des cryptomonnaies comme moyen de paiement des salaires des employés.

Le Bitcoin est l'option la plus populaire pour la paie en cryptomonnaie, mais ce n'est pas la seule. Les options de cryptomonnaie vont des noms établis comme Ethereum (ETH) et Litecoin (LTC) aux monnaies en forte croissance comme Solana (SOL) et Cardano (ADA). La cryptomonnaie étant encore nouvelle, des monnaies peuvent émerger et surpasser les devises actuelles.

La blockchain va stocker les transactions effectuées pour chaque unité de cryptomonnaie : elle permet de conserver un historique permanent de propriété, et d'enregistrer les transactions sur les monnaies.

Quels sont les avantages de la paie en cryptomonnaie ?

Le versement d’un salaire en bitcoin attire les travailleurs et les entreprises avec des équipes à l’international parce que les transactions en cryptomonnaie sont quasi instantanées et ont des frais de transaction faibles. Encore très marginale chez les salariés français, voici quelques-uns des avantages de cette pratique :

• C'est rapide : le principal avantage de la cryptomonnaie est la vitesse. Les transactions se règlent presque instantanément, contrairement aux systèmes bancaires traditionnels qui utilisent les transactions SWIFT, pouvant prendre plusieurs jours. Ceci permettrait un paiement du salaire ou d’une partie de leur salaire en temps réel.
• C'est direct : les transactions en cryptomonnaie ont lieu sur un réseau peer-to-peer sans intermédiaire financier. Si l’on vous envoie des bitcoins, ils vous arrivent directement. Grâce à la structure peer-to-peer, toutes les transactions en bitcoin sont permanentes, visibles et sécurisées.
• C'est décentralisé : le réseau peer-to-peer de la cryptomonnaie contourne les autorités centralisées qui contrôlent l'offre de monnaie traditionnelle, comme les banques et les gouvernements. En d'autres termes, la valeur de la cryptomonnaie est indépendante des institutions gouvernementales ou financières.
• C'est un investissement : contrairement aux paiements en monnaie fiduciaire traditionnelle, la cryptomonnaie a le potentiel d'augmenter en valeur. Les employés pourraient finir par recevoir bien plus que leur salaire de base si la valeur de la cryptomonnaie augmente. (Bien sûr, elle peut aussi diminuer avec le temps, ce que nous aborderons ci-dessous.)
• C'est attrayant : aujourd’hui, près de 425 millions de personnes détiennent de la cryptomonnaie dans le monde. De nombreux employés, contractuels et freelances cherchent maintenant à être payés en cryptomonnaie. Un bonus de signature payé en cryptomonnaie pourrait rendre une offre attrayante. De même, des options de paiement flexibles comme les retraits en cryptomonnaie pourraient permettre à certaines organisations – comme les startups et celles dans les secteurs de la technologie et des médias recrutant des natifs du numérique – de se démarquer de leurs concurrents et d'attirer des talents.

Quels sont les inconvénients de la paie en cryptomonnaie ?

La cryptomonnaie cherche encore sa place dans les systèmes financiers et de gouvernance, elle est donc sujette à la volatilité et limitée dans de nombreux domaines. Voici quelques inconvénients :

• Elle est volatile : le Bitcoin seul peut connaître des hausses et des baisses de prix significatives en l'espace de quelques mois seulement. Cette volatilité implique que le bitcoin est une base peu fiable pour les salaires et les avantages. Les employés pourraient potentiellement se retrouver avec moins que leur salaire de base en acceptant des paiements en cryptomonnaies. Le cours légal doit donc être scrupuleusement observé.
• Elle a une réputation suspecte : les adresses des utilisateurs de crypto sont des pseudonymes, ce qui associe souvent la cryptomonnaie à des activités illicites telles que le blanchiment d'argent ou des piratages. Par conséquent, les entreprises peuvent refuser de participer au réseau bitcoin pour éviter tout risque pouvant nuire à leur réputation.
• Elle n'est pas acceptée mondialement : les réglementations variées sur les cryptomonnaies à travers les pays rendent difficile l'établissement de services de paie en crypto à l'échelle mondiale. Les pays utilisent une terminologie incohérente pour décrire les cryptomonnaies, ont des règles et des traitements fiscaux uniques, et changent souvent les réglementations. Par exemple, le langage pour décrire le bitcoin et d'autres cryptomonnaies peut être « monnaie numérique », « marchandise virtuelle », « jeton », « cybermonnaie » ou « crypto-actifs ».
• Elle n'est pas intégrée aux systèmes existants : il est difficile de lier le bitcoin aux flux monétaires légaux existants. La grande majorité des banques ne prennent pas en compte la cryptomonnaie – il est impossible d'envoyer des bitcoins via votre compte bancaire, par exemple. Bien que les systèmes basés sur les cryptomonnaies (finance décentralisée) se développent, les systèmes financiers existants comme les cartes de crédit et les prêts ne fonctionnent pas avec la cryptomonnaie, limitant ainsi son utilisabilité.

Est-il légal de payer les salaires en cryptomonnaie ?

Même dans les pays où le Bitcoin est légal, il peut ne pas être légal de payer les employés en Bitcoin, du moins directement. De nombreux pays, comme les États-Unis, le Canada et la France, exigent que les paiements de salaires soient effectués en monnaie fiduciaire pour se conformer au Code du travail. Pour cette raison, il est préférable d'offrir un salaire de base en monnaie fiduciaire, puis de collaborer avec des services d'échange de cryptomonnaies comme Coinbase ou Bitwage qui fournissent des solutions de paie simplifiées. Ces services d'échange de cryptomonnaies peuvent convertir la monnaie locale en la cryptomonnaie choisie par le travailleur à l'aide de logiciels de comptabilité en cryptomonnaie.

De façon alternative, les Stablecoins — des monnaies virtuelles adossées à des monnaies fiduciaires — fonctionnent bien comme substituts, car ils combinent les avantages opérationnels des cryptomonnaies avec la stabilité des prix de la monnaie émise par les banques. USDC, par exemple, est un stablecoin en dollars américains : 1 USDC représente 1 USD en actifs stockés hors chaîne.

Comment les cryptomonnaies sont-elles régulées ?

Dans les paysages réglementaires les plus favorables aux cryptomonnaies, comme les États-Unis, le bitcoin est considéré comme une « entreprise de services monétaires ». Il est soumis à des réglementations plus strictes et est taxé différemment de la monnaie traditionnelle par l'IRS, le Fisc américain. L'IRS traite le bitcoin comme une propriété à des fins fiscales.

Cependant, de nombreux autres pays interdisent complètement les cryptomonnaies. En novembre 2021, neuf pays ont annoncé une interdiction totale des cryptomonnaies, ce qui signifie que posséder ou échanger des cryptomonnaies est illégal. Les neuf pays avec des interdictions complètes sont :

• L’Algérie ;
• Le Bangladesh ;
• La Chine ;
• L’Égypte ;
• L’Irak ;
• Le Maroc ;
• Le Népal ;
• Le Qatar ;
• La Tunisie.

42 pays ont des interdictions implicites sur les cryptomonnaies, ce qui signifie que le gouvernement a imposé des restrictions aux banques et institutions financières pour traiter avec les cryptomonnaies ou offrir des services aux fournisseurs de cryptomonnaies.

Ces larges restrictions rendent actuellement impossible l'offre de salaires en bitcoin à l'échelle mondiale.

Comment les cryptomonnaies sont-elles taxées ?

Les cryptomonnaies sont taxées différemment selon les pays. Dans l'Union européenne, le bitcoin est exempt de TVA (taxe sur la valeur ajoutée) en vertu d'un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne de 2015. Ils considèrent le bitcoin comme une « prestation de services ».

En Israël, le bitcoin est un actif imposable. En Suisse, il est considéré comme une monnaie étrangère. L'Argentine et l'Espagne le traitent comme un impôt sur le revenu, tandis que le Danemark le considère comme un impôt sur le revenu avec des pertes déductibles. Au Royaume-Uni, en revanche, les sociétés paient l'impôt sur les sociétés, les entreprises non constituées en société paient l'impôt sur le revenu et les particuliers paient l'impôt sur les gains en capital sur les profits en cryptomonnaies.

Accepter un salaire en cryptomonnaie serait traité comme tout autre revenu à des fins fiscales. Les entreprises doivent déclarer les paiements en monnaie locale pour les besoins de l'impôt sur le revenu. La cryptomonnaie pourrait avoir un attrait fiscal supplémentaire pour les hauts revenus. Aux États-Unis, les bénéfices du bitcoin sont soumis à un taux d'imposition sur les gains en capital de 20 %, ce qui est inférieur à la tranche d'imposition sur le revenu la plus élevée actuelle de 37 %.

En France, en ce qui concerne les actifs numériques, la somme totale des plus-values réalisées sera soumise au prélèvement forfaitaire unique (pfu), aussi appelé Flat tax de 30 %, après déduction des moins-values. Ce taux est composé de l’impôt sur le revenu et les prélèvements sociaux.

Les réglementations fiscales dissonantes du bitcoin signalent la difficulté d'offrir des salaires en bitcoin aux employés. Les départements de paie des équipes internationales peuvent avoir du mal à suivre les réglementations à respecter lors du paiement des salaires des employés.